Le Dr Henry Morgentaler: «Un vrai héros canadien qui a sauvé d’innombrables vies»

CANADA – Les supporters du libre choix de tout le pays sont en deuil après l’annonce du décès du Dr Henry Morgentaler. Le médecin retraité de 90 ans est décédé paisiblement à son domicile de Toronto plus tôt ce matin, après une courte maladie.

«Nous sommes très attristées d’apprendre le décès de Henry et souhaitons exprimer nos plus sincères condoléances à son épouse Arlene, aux enfants de Henry, et au reste de sa famille et de ses proches», a déclaré Joyce Arthur, directrice générale de la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada.

« C’était un véritable héros canadien qui a sauvé d’innombrables vies», a déclaré Madame Joyce Arthur. «Il a consacré l’essentiel de sa vie – au prix d’immenses sacrifices personnels – à assurer un droit humain fondamental aux femmes : le droit d’orienter leur propre vie et leur destin en contrôlant leur fertilité et leur corps. L’accès à un avortement sans risque et légal a valu de nombreux avantages aux femmes et à la société canadienne.»

«Nous serons éternellement reconnaissantes au Dr Morgentaler pour ses merveilleuses qualités de courage et de compassion, et pour l’amour et le respect qu’il a manifesté aux femmes tout au long de sa vie», a ajouté Mme Arthur. «Il va nous manquer terriblement. Mais nous nous engageons à honorer sa mémoire et l’œuvre de sa vie en nous efforçant d’améliorer encore l’accès des femmes à des services d’avortement au Canada et de réduire leur stigmatisation.»

Le Dr Morgentaler a été la figure de proue de la lutte pour faire abroger la loi canadienne qui restreignait l’avortement, processus qui a abouti à une victoire judiciaire le 28 janvier 1988, lorsque la Cour suprême du Canada a entièrement abrogé cette loi. Cette cause a passé à l’histoire sous le nom de «l’arrêt Morgentaler» et constitue aujourd’hui un des plus solides précédents juridiques canadiens dans l’avancement des droits de la personne. En l’honneur du 25e anniversaire de cette décision historique, la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada a consacré un site Web à l’anniversaire et à la vie du Dr Morgentaler: http://www.morgentaler25years.ca/fr/

http://www.arcc-cdac.ca/fr/press/ARCC-CDAC-release-may29-13-francais.pdf

25 ans plus tard, les Prince-Édouardiennes encore privées d’avortement

28 janvier 2013, La Presse, Gabrielle Duchaine

http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/national/201301/28/01-4615746-25-ans-plus-tard-les-prince-edouardiennes-encore-privees-davortement.php

Il y a 25 ans aujourd’hui, la Cour suprême du Canada légalisait dans les faits l’avortement. Un quart de siècle plus tard, son accès est encore très inégal au pays. Pendant que le Québec offre gratuitement des avortements, dans l’anonymat d’une cinquantaine d’hôpitaux et de cliniques, les résidantes de l’Île-du-Prince-Édouard ne peuvent toujours pas se faire avorter dans leur province. Découragées, certaines femmes vont jusqu’à se rouer le ventre de coups ou à ingérer des cocktails de produits chimiques pour provoquer une fausse couche.

COMMUNIQUÉ PAR NYCOLE TURMEL (NPD)

POUR DIFFUSION IMMÉDIATE
28 janvier 2013

AVORTEMENT: LA LIBERTÉ DES FEMMES DE CHOISIR DOIT ÊTRE PROTÉGÉE – Le Canada souligne aujourd’hui les 25 ans de l’affaire Morgentaler, qui a décriminalisé l’avortement

OTTAWA – À l’occasion du 25e anniversaire du jugement historique de la Cour suprême dans l’affaire Morgentaler, le Nouveau Parti démocratique tient à réitérer son engagement formel à protéger la liberté des femmes à procéder à un avortement sécuritaire si elles le désirent.

«La plus haute cour du Canada a conclu que de limiter l’accès à l’avortement était inconstitutionnel, puisque cela privait les femmes de leur liberté et de leur sécurité, a dit Nycole Turmel (Hull-Aylmer). Les néo-démocrates soutiennent toujours ce jugement et nous sommes fiers de continuer à défendre le droit et la liberté des femmes canadiennes à choisir.»

Les conservateurs ont souvent tenté de contourner le jugement de la Cour suprême. Depuis 2006, leurs députés ont lancé cinq initiatives législatives s’attaquant au droit à l’avortement en prétextant vouloir protéger les fœtus. L’an dernier, deux de ces projets ont été soumis à la Chambre des communes. Il faut d’ailleurs se souvenir que l’ancien premier ministre conservateur Brian Mulroney a tenté, en 1990, de faire emprisonner les docteurs pratiquant l’avortement chez des femmes dont la santé n’était pas à risque.

La députée rappelle qu’en 1966, les avortements clandestins étaient la principale cause d’hospitalisation chez les femmes canadiennes. «Toute ma vie, je me suis battue pour les droits des femmes, indique Mme Turmel. Je ne renoncerai jamais à l’équité salariale et au droit des femmes de choisir.»

Communiqué de presse de la Fédération des femmes du Québec

Les 25 ans de la décriminalisation de l’avortement : le libre-choix bien ancré

Montréal, le 28 janvier 2013 – La Fédération des femmes du Québec célèbre les 25 ans de la décriminalisation de l’avortement au Canada. Elle se félicite de l’enracinement et de l’appui général pour le libre-choix.

« Au Québec, la population, les institutions politiques ainsi que les services de santé sont unanimes pour reconnaître que la décision concernant la poursuite ou non d’une grossesse appartient aux femmes. C’est une importante victoire pour la liberté et la sécurité des femmes » déclare Alexa Conradi, présidente de la FFQ.

La population appuie majoritairement le mouvement féministe sur ces questions (selon la Fédération du Québec pour le planning des naissances, plus de 80 %). « Et cet appui ne faiblit pas, annonce la présidente. Ceci explique pourquoi les 44 motions et projets de loi visant à rouvrir le débat sur l’avortement présentés depuis 25 ans à la Chambre des communes ont échoué. » Aucun discours anti- choix n’a réussi à justifier pourquoi les femmes devraient être écartées des décisions concernant leur vie et leur corps.

Malheureusement, cela n’arrête pas les conservateurs qui investissent leurs énergies à nuire aux femmes plutôt qu’à améliorer leurs conditions. Nous pensons à M. Warawa qui cherche à affaiblir la situation actuelle sous le prétexte de « protéger les filles » avec sa motion 408. Ou à Rona Ambrose, qui a perdu sa légitimité en votant « oui » à la motion 312 de M. Woodworth. « Les Conservateurs doivent cesser leurs hostilités envers les femmes » d’affirmer la porte-parole.

Rappelons que c’est en janvier 1988 que l’avortement est décriminalisé au Canada. Le docteur Morgentaler étant en procès depuis 1983 à la suite de l’ouverture d’une clinique d’avortement en Ontario, c’est finalement la Cour suprême du Canada qui prononce son acquittement et abroge le Code criminel pour en retirer l’article 251. Il est donc désormais reconnu que l’intégrité physique et émotionnelle des femmes passent par leur droit à disposer de leur corps et, donc, par le droit de choisir l’avortement.

On n’oubliera pas également de rappeler « l’affaire Chantale Daigle ». En 1989, une femme enceinte décide de quitter son conjoint violent, Jean-Guy Tremblay. Ce dernier obtient, à la suite de procédures judiciaires, une injonction interdisant à son ex-petite amie de se faire avorter au nom des supposés « droits à la vie du fœtus » et « droits du père » sur sa progéniture. Celle-ci obtiendra gain de cause à la Cour suprême du Canada, mais elle n’attendra pas ce verdict pour agir. Enceinte de 21 semaines, elle choisit de défier la loi et d’organiser son avortement aux États-Unis.

Manifestation de soutien des Nations Unies

Anand Grover

Anand Grover

Manifestation de soutien des Nations Unies

Anand Grover, Rapporteur spécial des Nations Unies pour le Droit à la Santé

Mumbai, Inde, 23 Janvier 2013

Je félicite le Canada des 25 ans écoulés depuis R v. Morgentaler, lorsque le pays est passé avec succès d’un régime criminel limitant l’avortement à un environnement favorable dans lequel chaque femme bénéficie de droits concernant sa santé sexuelle et génésique.

Les Etats doivent respecter le droit à la santé des femmes sans perturber leur droit à l’autonomie et à la vie privé ainsi qu’à la dignité, ceux-ci étant essentiels au droit à la santé sexuelle et génésique. Le droit à la santé mandate également les Etats à assurer que l’accès aux équipements, biens et services de santé est disponible pour toutes, sans discrimination. Cela nécessite la suppression des barrières économiques, physiques et légales quant à l’accès aux services de santé, et notamment l’accès à l’avortement. La criminalisation est un obstacle à la concrétisation du droit à la santé pour les femmes et les expose aux risques associés à des avortements non sécurisés et illégaux.

En décriminalisant (dépénalisant) l’avortement, R v. Morgentaler a fait respecter ces principes si cruciaux pour la liberté et l’autonomie génésique des femmes. Il a reconnu aux femmes, au Canada, le droit fondamental de prendre des décisions concernant leur propre corps, les faisant entrer dans une nouvelle ère d’égalité, de dignité et de liberté.

It is reassuring that the movement for greater sexual and reproductive autonomy for women has sustained successfully in Canada for all these years and I wish it bigger success in the future.

Il est réassurant de voir que le mouvement pour une plus grande autonomie sexuelle et génésique des femmes s’est poursuivi avec succès au Canada au cours de toutes ces années et je lui souhaite un succès encore plus grand dans le futur.

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